Lu 16 avril Marathon de Paris 2012
Dimanche 15 avril 2012, 5h45 du matin, le réveil sonne. Debout, c'est l'heure! Douche, petit déjeuner sportif (Gatosport, Spordej), dernier regard sur le sac avec les affaires et, à 7h00 direction la station de RER. A 7h30, je suis sur la Place de l'Étoile et me dirige vers les consignes pour laisser mon sac de rechange. Il fait frais ce matin, un petit 8°C avec du vent du nord qui amplifie la sensation de froid.
A 8h20, la foule se presse aux portes des différents sas de départ. Ah oui, j'oubliais, je suis sur les Champs Elysées pour participer à la 36ème édition du marathon de Paris.
Après avoir été bénévole sur la ligne d'arrivée en 2010 et 2011, je m'étais dit que cela serait sympa de le courir en 2012 pour mes 50 ans. C'est mon accident de la route en Belgique qui m'a conforté dans cette idée. Pendant les longues heures d'immobilité dans mon lit, je me suis promis, si je m'en sortais sans séquelle, d'être sur la ligne de départ le 15 avril à 8h45 sur les Champs Elysées. Peu importe le temps que je réaliserai, l'important n'est pas là. L'important s'est de pouvoir courir avec les 39999 autresparticipants. Tout au long du parcours, je vais doubler des gens dans des chaises roulantes poussées par de valeureux coureurs... A chaque dépassement, je ne peux m'empêcher de penser que la vie tient, parfois, à peu de choses...
Le départ est donné à 8h45.
Cette année, cela se fait par vague. En premier, les Élites, ensuite les préférentiels, les 3h00, les 3h15, les 3h30, les 3h45 etc.
Moi, j'ai un dossard pour 3h30. Temps que, je le sais dès le départ, je ne tiendrai pas. Je ne me suis pas du tout entraîné pour ce marathon. C'est sûr que je cours lors des entraînements et courses d'orientation, mais cela n'a rien à voir avec un entraînement marathon. En 2000, à New York (3h13) et en 2004 à Berlin (3h09), ces 2 marathons avaient été sérieusement préparés et, déjà, cela n'avait pas été facile de terminer dans un bon temps pour moi. Alors aujourd'hui, je pars complètement dans l'inconnu. On avance tout doucement vers l'arche de départ, l'ambiance est géniale...
Grand moment que ce départ sur les Champs complètement fermés, bien sûr, à la circulation. Je passe la ligne de départ à 8h53 et tout de suite, les Champs se dévoilent devant moi.
On peut courir sans gêne et je prends le rythme du meneur d'allure que je vois, au loin devant moi, des 3h30. 1er km en 4'51. C'est bien, car pour 3h30, il faut faire un peu moins de 5' au km. L'ambiance chaleureuse me fait oublier la fraîcheur. Beaucoup de spectateurs sont au bord des avenues, ainsi que de nombreux orchestres qui donnent une superbe ambiance de kermesse. Je passe au 5ème km en 24'26, toujours dans les temps (24'50). On passe Place de la Bastille et direction le Bois de Vincennes. Là, le dénivelé est un peu plus présent mais je passe au 10ème km en 48'59 (49'40). Le meneur d'allure est parfaitement réglé. Néanmoins, à l'approche du quinzième
kilomètre, je commence à ressentir une gêne au quadriceps droit. Je passe au 15ème km en 1h13'29 mais je suis toujours dans les temps (1h14'30). On est en plein Bois de Vincennes et il y a forcément un peu moins de spectateurs. Les kilomètres s'enchaînent bien... Le semi marathon est atteint en 1h43'42 et je suis toujours dans le coup car je dois passer en 1h44'18. Je me rappelle qu'à New York et Berlin, j'étais passé en 1h29' environ et que j'avais perdu une dizaine de minutes sur le second semi. Donc, sans entraînement, je sais ce qui m'attend (le fameux mur) et cela va se vérifier dans quelques kilomètres. Sur les quais, j'entends quelqu'un m'encourager « allez Didier », je tourne la tête et je vois Perrine qui est là, parmi les nombreux spectateurs. Au 25ème kilomètre, sur les quais, à hauteur de Notre Dame, je suis encore dans les temps, 2h03'49'', (2h04'10) mais j'ai de plus en plus de mal aux quadriceps. De moins de 5' au kilomètre, je passe à 5'30 environ sur les kilomètres suivants.
Je suis en 2h31'46'' au 30ème kilomètre (2h29'00). Je ne vois même pas la Tour Eiffel, trop occupé à suivre la ligne bleue tracée au sol. C'est elle mon guide. Presque 2' de retard sur le tableau de marche des 3h30. Maintenant, c'est sûr, la performance kilométrique, qui au départ, n'était pas un réel objectif (mais comme tout compétiteur, on se prend au jeu) devient complètement secondaire. Il va falloir finir dans un état correct. J'ai de plus en plus de mal à avancer. Les gels ingurgités ne font plus d'effet. Je me trompe sûrement car, je n'ai pas pris un seul ravitaillement solide de tout le parcours. Je m'efforce de ne pas m'arrêter. C'est maintenant que le mental doit être fort. Je repense à l'accident, à mes nuits sans pouvoir dormir à cause de la douleur, aux conséquences dramatiques que cela aurait pu avoir... « Allez, prend un kilomètre l'un après l'autre et tu arriveras bien au bout... ». Km 35, je suis en 3h02'43'' au lieu de 2h53'50 soit un déboire de 6' sur les 5 derniers kilomètres... Terrible, je n'avance plus, je me fais doubler par tout le monde. Le vent frais de ce début avril, qui vient de face, n'arrange pas les choses. Les seuls que je dépasse sont ceux qui marchent ou ceux qui sont arrêtés sur le côtés, crampe oblige. 36ème kilomètre = 6'35, 37ème km = 6'41, 38ème km = 6'49, 39ème km = 6'33. Au secours !!! A ce moment, je sais ce que c'est que ce fameux « MUR » du marathon. En 2000 et 2004, à partir du trentième kilomètre, je n'avais perdu qu'une trentaine de seconde par kilomètre, donc pas vraiment de défaillance. Ici, c'est 1'30 de plus au km. De 5' au km, je passe à 6'30 pour les 12 derniers... La traversée du Bois de Boulogne est terrible. Je passe au 40ème kilomètre en 3h35'53. Plus que 2,195km à parcourir. Les plus longs assurément. « Vite, réfléchi tant que tu as encore un peu de lucidité pour calculer si tu peux arriver avant les 3h50 ». 14' pour 2195 mètres à 6'30, c'est possible. « You can do it » comme ils disent du côté de New York. 41ème km en 6'50. Aïe, c'est mal engagé. La faute au dernier ravitaillement où beaucoup de coureurs sont éparpillés sur la chaussée... 20'' de perdues à zigzaguer. Il faut absolument terminer plus vite ce dernier kilomètre. En ai-je encore la force? Le mental est là mais le corps ne répond plus beaucoup à cette sollicitation d'accélérer. Mais, c'est là, que l'on voit l'extraordinaire machine qu'est le corps humain. Avec de la volonté, avec les encouragements de la foule, ça repart. Le rond point de la Porte Dauphine annonce l'arrivée. Je passe le km 42 en 6'04 !!! La ligne d'arrivée se dévoile à moi.... Elle est là, avec son immense arche, 195m devant moi... Dernier effort, et c'est en 59'' que je cours les derniers mètres. Oui, je cours, car là, je retrouve un semblant de foulée de coureur à pied sur les derniers mètres du marathon que je termine en 3h49'52''.
Quelle joie !!! J'ai un peu d'émotion quand, dès la ligne d'arrivée franchie, j'entends mon épouse qui m'appelle. Super, elle a réussi à me voir parmi toute cette foule. Je la rejoins mais les barrières nous empêchent de nous enlacer... Elle est aussi contente que moi de me voir finir ce marathon 2012. On échange quelques mots puis je la laisse car il faut que j'aille récupérer mon tee shirt FINISHER, la médaille et que j'aille me changer car il ne fait pas chaud, une fois la course finie.
Pendant que je me change, je repense à ma course. "Tant mieux" me dis-je, "si j'en ai tellement bavé sur cette fin de course". Cela me prouve que sans entraînement, on ne peut rien obtenir de bon et heureusement d'ailleurs. Cela serait trop facile. Et dans la vie de tous les jours, c'est un peu la même chose. Toutes récompenses demandent des efforts.
Au passage, je salue le Général P. Durieux, L. Sxay, B. Vannier, C. Michaud. Plus loin, c'est Yoyo, Nelly, Martine, Thierry et son épouse, Pierrot et Yannick, tous licenciés au club de la Garde Républicaine... qui sont tous bénévoles sur ce marathon. Un grand merci à eux, car sans eux, sans les 2700 volontaires, il n'y aurait pas de course. Merci à vous tous.
Malgré un vent frais et parfois violent, les élites se sont illustrés en faisant tomber les deux records, masculin et féminin, de l’épreuve et les 40 000 participants de ce grand rendez-vous ont une nouvelle fois inondé les rues de Paris de leur enthousiasme.
Le jeune Kenyan Stanley Biwott, après avoir remporté le Semi-marathon de Paris 2012 (et battu le record de l’épreuve), a marqué cette 36ème édition en remportant la course dans le temps record de 2h05’12 (20,22 km/h de moyenne), laissant à plus d’une minute ses deux poursuivants, les éthiopiens Raji Assefa (2h06’24) et Sisay Jisa (2h06’27). (Ancien record hommes : Vincent Kipruto(Kenya) 2h05’47 en 2009.
Chez les femmes, Tirfe Beyene (Éthiopie) remporte la course et bat également le record de l’épreuve en 2h21’40, loin devant la Turque Sultan Haydar, deuxième en 2h25’09, et sa compatriote Makda Harun, troisième en 2h26’46. (Ancien record femmes : Astede Bayisa (Ethiopie) 2h22’02 en 2010. Benjamin Malaty, le tout récent champion de France de cross-country, est le premier français à l’arrivée. Il prend la 19ème place en 2h13’15 pour son premier marathon ! La première française, Corinne Herbreteau-Cante, termine à la 13ème place de la course féminine en 2h42’17.
Dans la catégorie Handisport (fauteuils), le Français Julien Casoli remporte la victoire en 1h35’56. Il devance, au terme d’un sprint acharné sur l’avenue Foch, le Suisse Heinz Frei (1h35’57), vainqueur des deux dernières éditions, et un autre français, Denis Lemeunier (1h35’57).
Pour l'anecdote, je termine 11953 sur 32980 au classement général et 1460ème en HV2 sur 4359. Le dernier coureur franchissant la ligne d'arrivée en 6h48'51''.
Ont aussi participé à ce marathon, des sous-officiers du 1er Régiment que j'ai rencontré avant le départ : Cedric LEBOEUF qui termine en 3h36, Xavier CHAUMARAT en 4h40 et Aïde CAIXEIRINHO en 4h51.
A noter, la présence d'Amélie Mauresmo qui a porté très haut les couleurs de l’institut Curie en réalisant, pour sa première participation, un temps impressionnant de 3h16’49 (45ème de sa catégorie !). De son côté, Laurent Jalabert, qui cumulait les challenges en courant les 42km195, commentant la course pour le compte de France Télévisions et transportant un dispositif expérimental analysant en temps réel les données de sa course (foulées, indices de fatigue...), termine en 3h08’25 au cœur du peloton.
Je me change et retrouve ma fille et mon épouse à la sortie des sas réservés aux coureurs.
On s'en va manger une pizza sur les Champs avant de regagner notre domicile.
Cela restera un ENORME souvenir et, ce défi relevé, clôture pour moi, un chapitre du livre de ma vie.
En souhaitant pouvoir en vivre encore pleins d'autres avec autant d'émotions.
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